lundi, juillet 04, 2005

Pour vivre heureux, vivons cachés, mon cul ; ou Ni pute, ni soumise, moi non plus.

 Je suis avec Virginie Despentes, je viens d'apprendre qu'elle est la soeur de mon père, j'ai l'impression qu'elle a écrit un roman où elle raconte les méfaits de ses parents et je fais le lien avec ceux de mon père, les imaginant en tortionnaires, je suis gêné, on décide d'aller boire un café pour faire connaissance, dehors ça ressemble à l'Afrique, j'achète des Camel à un vendeur de rue, le paquet n'est visible que par le dessus et enfoui dans le sol, j'en sors une et tante Virginie me fait remarquer qu'elles sont bizarres, un fil parcourt la cigarette et un morceau manque, comme une bougie où l'on aurait enlevé un morceau au milieu, elles sentent mauvais aussi et en tournant le paquet je me rends compte que ce sont des LM bleues, ne me demandez pas pourquoi, après c'est flou.

Samedi, avant de sortir, je lis [ce] post, je le lis comme une femme lirait le témoignage d'une autre femme victime d'un viol ; je n'ai jamais connu de réelle violence due à mon homosexualité, je n'ai jamais été frappé, peut-être insulté deux-trois fois sans vraiment savoir si c'était une insulte qui tombait juste ou véritablement à cause de ma sexualité, mais entendre sale enculé comme insulte suprême ou cock sucker 30 fois par épisode des Sopranos n'apporte pas un grand soutien ; quand mon copain est venu me voir en Guadeloupe ma mère m'a dit qu'elle préfèrerait qu'il dorme à l'hôtel, que ce serait différent si c'était une fille, je n'ai pas relevé, elle s'est excusée peu de temps après, mon copain à dormi chez nous ; ce qui fait le plus mal est l'homophobie bon ton, genre je ne suis pas raciste je connais un noir, je ne veux pas être toléré, ni qu'on parle de moi comme d'un problème, je ne veux pas qu'on débatte de mon cas, je veux juste avoir les même droits que tout le monde, ma vie ne se résume pas à ma sexualité mais elle est forcément influencée par cette dernière ; moi ça me dérange pas du moment qu'ils font ça chez eux, c'est contre cette mentalité, les casseurs de pédés et après une énième descente musclée de police qu'en cette fin du mois de juin 1969 les homos qui trainaient dans les clubs gay de Stonewall Street à New York sont sortis dans la rue, comme ils étaient, travestis ou habillés en cuir, pour montrer qu'ils existaient, pour réclamer le respect, le droit à la visibilité, de sortir au grand jour, et ils ont utilisé les armes à leur disposition, faire du bruit et danser, c'est de là que vient la Gay Pride, reprendre notre fierté à ceux qui voudraient nous l'enlever ou qui nous la refusent, je n'ai pas choisi d'être homo mais je le suis donc je veux pouvoir être fier de ça, fier de mon amour, de qui je suis, fier comme le contraire d'avoir honte, être homo ce n'est pas que enculer ou se faire enculer, c'est comme n'importe quelle relation, essayer d'être heureux, et ce n'est pas avec des connards qui se prétendent ouverts d'esprit et qui au final sont encore plus puants car hypocrites avec eux-mêmes qu'on va avancer.

Je suis français, le fait d'être homo me retire des droits, je trouve cela anormal, donc je revendique pleinement que montrer mon homosexualité soit perçu comme un acte politique.


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