Je suis un peu en retard sur celle-là, la série irlandaise Normal People est sortie fin Avril sur la BBC et Hulu aux USA, j'ai eu du mal à lancer le premier épisode, je ne sais pas pourquoi, une série sur l'amour ça me faisait un peu peur, enfin je sais pourquoi, mais bref. C'est absolument superbe, délicat et viscéral, la réalisation est "sensorielle", il y assez peu de dialogue, beaucoup de scènes charnelles, de déchirement, de malentendus, de tendresse. Les 2 acteurs sont fascinants, Daisy Edgar-Jones est un mix entre Paget Brewster, Anne Hathaway et Charlotte Gainsbourg, mais Paul Mescal surtout est bouleversant, pas dans une performance tape à l'oeil, mais petit à petit, tout en subtilité. Tout repose sur eux, il n'y a pas de filtre, ils sont littéralement à nu, la camera danse autour d'eux, de leur visage, de la moindre expression, mais sans voyeurisme. On est pas spectateur, on vit ces moments avec eux, et c'est troublant autant d'intimité, de sentiment brut. On passe par toutes les émotions, et j'ai chialé la moitié du temps. La plus belle série que j'ai vu cette année, avec Tales from the Loop, une série qui se regarde comme un roman. C'est un super show, je vous conseille vivement de regarder. Alice in Borderland est une série originale japonaise Netflix, adaptée d'un manga, et ça se sent dans certains raccourcis pris par l'intrigue, dans le choix de jeu d'acteur aussi, c'est très caricatural par moment, ridiculement poseur ou geignard, mais j'ai été au Japon et il faut reconnaître que c'est culturellement très différent d'ici, et que par moment on peut avoir l'impression que les gens agissent "comme dans un manga", les clichés sortent rarement de nulle part. Donc de n'est pas "trop" gênant ici, il faut un petit moment d'adaptation et se laisser porter. Le point fort est définitivement l'histoire, c'est vraiment prenant et original, j'ai été surpris par l'ambition globale, et les prises de risque, il y a du Battle Royal (génial film japonais sorti en 2000), et surtout ça tient la route sur la longueur, avec un premier palier de réponses, j'ai hâte de voir la suite. Sans doute la série la plus addictive que j'ai vu cette rentrée. The Flight Attendant (HBO Max) très bien produite, bien jouée, Kaley Cuoco est parfaite pour ce personnage, on pourrait utiliser une expression que je déteste: "attachiante", qui décrit bien ce personnage qui passe son temps à prendre les mauvaises décisions et foutre tout le monde dans la merde, mais qui au final a plus de profondeur qu'initialement pensé. Ce n'est pas facile de tenir la ligne de crête entre tête à claque/cliché entitled white woman et anti-héroïne au bord du gouffre, on est toujours à la frontière, prêt à basculer d'un coté ou l'autre, et Cuoco tient la route, je ne sais pas si j'aime le personnage, mais elle est clairement intéressant et fun à suivre. Elle est en plus entourée de pleins d'acteurs ayant brillé dans des séries ces dernières années, particulièrement Zosia Mamet (génialement insupportable Shoshanna dans Girls). Tout n'est pas parfait, une histoire secondaire m'a particulièrement agacé, et ils ne laissent pas assez de place à d'autres personnages, mais globalement une chouette petite série divertissante, qui se prend au sérieux juste ce qu'il faut, visuellement joliment internationale (filmée entre Bangkok, Rome et New York), plutôt fun, par moment super agaçante, mais qui fonctionne dans l'ensemble. Elle était prévue comme une mini-série mais vient d'être renouvelée pour une saison 2 par HBO Max, et il y a clairement la matière pour continuer l'aventure. J'ai regardé aussi la série documentaire Alien Worlds (Netflix), les effets spéciaux et la création de ces mondes est splendide, par contre les passages sur Terre étaient plus poussifs, entre déjà-vu et personnalisation à outrance, alors que ça ne dure que 4x35 minutes je n'ai regardé que les mondes imaginaires, zappant le reste, et c'était très bien comme ça. La petite web-réalité Slag Wars, du duo très distingué The Cock Destroyers (tout est dans le nom), a quelques moments marrants, ce n'est globalement pas une réussite, mais c'est queer, gentiment déjanté, complètement vulgos, et ça se regarde, vite fait. J'ai essayé le pilot de P-Valley (Starz), parce que la série se retrouve dans plein des Tops de fin d'année des critiques télé américains, et je n'ai pas du tout accroché. L'univers déjà ne m'a pas séduit, le monde glauque d'un club de striptease dans le sud des USA, j'ai trouvé ça moyennement joué, cliché à mort, vulgaire, grossier, soapy... Je ne comprends pas l'engouement, à part le fait que la série soit créée par une femme noire, intégralement réalisée par des réalisatrices, ce qui est toujours une bonne nouvelle, et a un casting intégralement afro-américain, ce qui n'est pas nouveau, mais le résultat est trop médiocre pour être encensé. C'est comme Télérama qui donne de bonnes critiques à des séries françaises moyennes pour les mettre en avant juste parce que le niveau est tellement bas ici que dés que c'est juste pas trop ridicule il faut "encourager", je comprends la démarche, mais une oeuvre doit être jugée sur le résultat présenté, pas sur le contexte. Le tout prend peut-être une autre dimension par la suite, mais je n'ai pas du tout envie de continuer, rien ne m'a donné envie d'y revenir. Ayé, c'est l'hivers, j'ingurgite de la soupe au potiron, des clémentines, et du Boursin poivré, devant le Biathlon en direct sur La Chaine L'Equipe. Une troisième vague de la COVID-19 se profile, Macron est contaminé, une mutation du virus dans le sud de l'Angleterre sème la panique, ici on a le droit de sortir "librement" en journée, mais un couvre-feu de 20h à 6h est de nouveau instauré. Je ne sais pas encore si je vais aller chez mon père pour le réveillon de noël, j'ai juste envie de dormir jusqu'au printemps.
lundi, décembre 21, 2020
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