vendredi, janvier 26, 2007

Digressions nocturnes, ou Just another day for you and me in paradise.

 Je suis allongé dans mon lit, c'est principalement là que je suis ces derniers temps, allonger dans mon lit, à culpabiliser de ne pas avoir de vie, ce qui tue la moindre velléité d'en construire une. France 5, ils passent un reportage sur Médecin sans Frontière, période 1989- à nos jours, ils parlent de l'espoir qu'a suscité la chute du mur de Berlin, l'impression que la fin de la guerre froide allait entrainer un nouvel ordre mondial, plus humain, que les conflits se règleraient par des négociations de l'ONU. Et puis la guerre du Golf en 91 à entrainée le massacre des Kurdes abandonnés aux représailles de Saddam Hussein par un Bush père qui les avait poussé à se rebeller, et personne n'a rien fait. La Somalie où le droit d'ingérence humanitaire s'est transformé en excuse pour aggraver les choses. Le Rwanda où un génocide c'est déroulé en 1994, sous notre regard à tous et personne n'a bougé le petit doigt (pour remettre dans le contexte c'est l'année ou Kurt Cobain s'est foutu une balle), les massacres ont même continués dans les camps de réfugiés, sur l'écran ils déplacent les corps avec des pelleteuses, ça me rappelle les images des camps allemands. Ils parlent de la boucherie Russe en Tchétchénie où la communauté internationale a tourné la tête de l'autre coté, les médias aussi, j'ai du mal à comprendre que l'on puisse laisser passer des choses comme cela et se prétendre civilisé (gardez en mémoire Chirac remettant la Légion d'honneur à Poutine), j'en ai mal au bide. Et je me sens con, con de ne pas être médecin, d'être inutile, que ça me fasse autant mal, et que je culpabilise de cette douleur dérisoire et improductive, parce qu'au final je n'y change rien, je ne fais que subir, dans un monde d'overdose d'information c'est dure d'être hypersensible, on a grandi avec la famine en Éthiopie au journal de 20h, on a regardé les étudiants chinois se faire tuer sur la Place Tiananmen en 89, les guerres à répétitions, l'ex-Yougoslavie, les massacres, les famines, le sida ravageant l'Afrique, la montés des nationalismes, les égorgés journaliers d'Algérie, les attentas de New York, Madrid, Bali, Londres, la condamnation à mort d'homosexuels, les femmes d'Afghanistan, l'Irak, tout ça en direct à la télé, toute cette haine, comment on fait pour vivre normalement après, comment on fait pour être léger, penser à sa carrière, à sa prochaine destination estivale, à faire les soldes, à un avenir. Personnellement je n'y arrive pas, j'ai toujours cette boule dans l'estomac qui s'estompe vaguement avec l'alcool et la musique écouté trop forte, je m'entoure de films violents, de musiques mélancoliques, de livres dégradants, j'ai besoin de ça, je m'envelopper dans une douleur que j'ai construit moi même, sur laquelle j'ai un contrôle, une douleur familière et réconfortante, inoffensive, pour de faux, comme se couper pour relâcher de l'endorphine dans le système, vaguement anesthésié, pour avoir moins mal quand on a pas le droit d'avoir mal, parce qu'on a jamais eu à se battre pour exister, ça permet de pleurer un bon coup pour réussir à jouer les blasés quand à la réalité, parce que nous on a pas à se plaindre. Avant, tout ça me foutait une rage immense, une envie de révolte, maintenant je n'arrive plus qu'a pleurer.



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