mardi, mai 10, 2016

Run Into the Sun.


 Le week-end du 1er mai, plus que les autres, le paradis se transforme en enfer, ça devient Lampedusa, tous ces malais qui débarquent, bateau après bateau, flottent tout habillés, ceux qui vivent sur l'île les appellent les "orange orang", les gens oranges, à cause de leurs gilets de sauvetage, qu'ils ne quittent jamais, et bien-sûr ils laissent leurs déchets un peu partout sur les plages. Même chez eux ils nous envahissent ! (lire cette phrase avec la voix pincée d'une femme d'expat à Singapour).

J'ai faillît me faire percuter par un bateau. Je revenais de l'île en face, à la nage, pour fuir le monde, j'avais vu en chemin des requins à pointes noirs plus gros que ceux d'avant, des bébés tortues et une adulte albinos, dans la piscine du centre de sauvetage de cette petite île, et sur le retour, au milieu du kilomètre qui sépare leurs extrémités, j'ai relevé la tête pour voir un hors-bord me foncer dessus. Il était à moins de 10 mètres, je ne voyais pas les occupant d'où j'étais, donc ils ne pouvaient pas me voir non plus, j'ai fait de grands gestes en hurlant, et en essayant de sortir de sa trajectoire. J'ai fini par voir deux gars à l'avant, ils m'ont repéré, le bateau était à moins de 2 mètres quand il a légèrement dévié sa route, sans vraiment ralentir, et je me suis mis à les insulter en anglais, mon cerveau est aller chercher des insultes du roman Shantaram, qui se déroule en Inde, utilisant la pire selon le livre, je l'ai traité de "sister-fucker", entre autres. J'étais vraiment énervé, j'avais envie de le tuer, il ne s'est pas arrêté, heureusement, il a regardé si j'allais bien, quelques mètres plus loin, et est reparti. J'ai eu un coup de fatigue, et je me suis mis à penser au fait que j'aurai pu disparaître ici, sans même que les gens du bateau ne s'en rendent compte, ils auraient ressenti un petit choc, celui de ma tête contre la coque, et puis j'aurai sombré au fond de l'eau, avec les requins et les tortues. Les gens du dortoir se seraient interrogés sur mon absence, le soir, on aurait retrouvé mon sac et ma serviette sur la plage, celle la plus isolée au nord, celle où pratiquement personne ne va, car uniquement accessible par l'eau ou les rochers escarpés, et on aurait déduis rapidement de l'absence de mon masque et tuba d'où je pouvais bien être. C'est triste de disparaître comme ça, au milieu de gens qui ne me connaissent pas, qui auraient demandé "Who ? That french guy from the KBC dorm ?", et ma vie se serait résumée à ça.


J'ai les poils des bras et des jambes tout blonds, je me suis fait sucer sur la plage par un franco-algérien en vacances, mais je suis en manque de vrai sexe/câlins, j'ai trainé avec un frère et une sœur en vacances, et une nana qui bosse ici quelques mois, tous de Paris, avec qui j'ai bien rigolé, à raconter de la merde toute la journée, ils ont réveillé le parisien en moi, et d'autres gens sympas, j'ai pris mes banana pancakes, muesli yaourt-fruits, ou mes french toasts, et pas mal de mes dîners, au KBC (celui de gauche, le cool, celui sans dragon allemande), et même si je serai bien resté plus longtemps, je suis prêt pour la suite je crois.

Pour faciliter mon départ, il y a eu plein de petites méduses, très jolies mais très urticantes, le dernier jour, ce qui rendait la baignade pratiquement impossible. J'ai dormi une nuit à Kuantan, pour couper le voyage, et une à Kuala Lumpur, je suis passé dire au revoir aux Petronas Towers, et je me suis acheté un iPad mini 4 128GO pour 500 balles. J'ai dépensé 19€92/jour en moyenne, avec des pics avant et après mon séjour sur l'île, où je retournerai, c'est réconfortant de savoir qu'elle n'est qu'à un vol, un bus de nuit, et un bateau de Paris. Maintenant je suis dans un autre pays, plus en Asie du Sud Est, et ça fait du bien d'avoir un peu froid.

Aucun commentaire:

Archives du blog

Layout: NeimaD 2007 © - Safari