jeudi, avril 13, 2023

Shopopop.

  Pendant 24h j'ai eu peur que Leclerc ait arrêté les livraisons dans mon bled, mais ils changeaient juste de prestataire, avec un nom encore plus ridicule donc fantastique, surement créé par la même agence que pour Blablacar ou Roomlala: Shopopop. C'est idiot, mais ma plus grande angoisse, en étant de retour en banlieue, est de redevenir un "banlieusard", cette sensation de revenir au level 1 dans le jeu de la vie, même si j'ai accumulé des points d'expérience et des rubis, c'est l'endroit que tu as fui pour suivre ta quête. Ne rien faire dans le centre de Paris, ou pas loin d'une piscine à Bali, a plus de cachet que ne rien foutre dans le fin fond du Val d'Oise, ici je sens le vide autour de moi, l'espace est palpable, dense, je traine en jean Zara, t-shirt noir H&M, sweat à capuche trop grand noir Adidas que je portais déjà à 15ans, et baskets noires Nike, je suis bien camouflé. Je me suis aussi souvenu pourquoi la règle tacite est de ne pas porter de Lacoste en banlieue quand on est un petit blanc (et accessoirement pourquoi j'ai fait une fixette sur cette marque quand j'ai eu un peu de sous), pour ne pas se faire agresser dans le train/ la rue, et se retrouver sans chaussures ou blouson d'un coup, c'est une marque de cailleras et de bourgeois, ce qui ne fait pas bon ménage, les uns cherchant à subtiliser celui des autres, et je ne dirais pas qui fait quoi. Dans le même esprit il y a Fred Perry, qui réunit les Antifa et les identitaires néo-nazis, et Desigual, qui réunit les secrétaires "de direction" et les grand-mères roumaines.

Tout ça me rappelle un peu quand j'ai du revenir habiter ici quelques temps, après ma colloc raté avec un ex judoka bodybuildé au métro Sentier, j'avais dû attendre que les drag queens, qui s’étaient installées après que j’ai loué mon studio à une pote trans, partent, et j'avais repris mon rôle d'ado chez mes parents, ce sentiment d'échec. Sauf que cette fois je suis chez moi pleinement. J'en parlais avec mon père, qui me reprochait un peu de ne pas prendre d'initiative pour la maison avant, mais je venais chez lui. J'étais toujours prêt à lui donner un coup de main quand il me le demandait, mais ce n'était pas chez moi, donc je n'avais pas de réflexion sur ce qu'il y avait à faire, c'était sa responsabilité mentale. Maintenant, quand je ne suis pas content d'un truc, je le change, par exemple j'ai remplacé le mitigeur de la douche, dont le thermostat était bloqué sur "ébouillante-toi connard" à cause du calcaire depuis bien 10 ans, c'était trop chaud en hivers et trop frais en été, sans modification possible, je faisais avec parce que j'étais "l'invité", là après 3 jours j'ai commandé un nouveau mitigeur Grohe en promo sur Amazon. Et je fais pareil avec le reste du "temporaire qui dure" (associé au "c'est propre que là où j'utilise, pas autour"), qui est la marque de fabrique de mon père, j'ai mis un vrai rideau occultant à la place de la couverture de déménagement clouée au dessus de ma fenêtre de chambre d'ado par exemple (il y avait un store quand j'habitais là).

J'essaie de ne pas non plus me précipiter, j'attends un peu avant d'attaquer les luminaires, la plomberie plus globalement (changement des éviers/ robinetterie, une baignoire ?), les plans de travail de la cuisine, peinture, j'ai envie de mettre du parquet dans le salon, à la place du carrelage, mais 55m2 ça commence à douiller pour du pas trop pourri, un grand tapis en jute en attendant ? Tout en sachant que pour les travaux la motivation s'estompe assez rapidement, si on ne reste pas sur sa lancée on finit par ne plus avoir le courage. Pour le moment je continue mon ménage de printemps extrême, arrache quelques orties, j'ai lavé toutes les porte-fenêtres/ fenêtres, ce qui n'avait pas été fait depuis bien 10 ans, sans déconner ; acheté des coussins d'assise chez Ikéa pour un vieux canapé en bois pour dehors, et aussi des petits pour dans le salon ; j'ai balayé et aspiré quelques pièces, swiffé les toiles d’araignées, parce qu'on est pro araignée dans la famille - on les mets dehors sans les tuer, elles nous rendent services pour les moustiques - mais les accumulations poussiéreuses méritaient une expropriation. Je suis un chouïa refroidi sur l'idée de mettre de la canisse sous le toit de la pergola après avoir lu un commentaire qui disait de ce genre de produit "c'est trop cool ça fait une ambiance Papagayo !", mais bon je crois bien que je suis parti pour décorer cette terrasse comme une paillote corse. J'ai pris la fibre de REDbySFR pour 19€/mois pendant 1an, et 29 après, l'ADSL de Sosh (payé 25€ par mon père) était vraiment trop lente, et j'attends les French Days pour voir si les modèles de OLED LG 65" que je surveille baissent un peu. J'ai été faire mes courses de fruits et légumes au Aldi du bled, j'ai aussi pris du pain et plein de fromages, j'en mange rarement à Paris, mais ici c'est obligatoire, et je me régale.

Cette maison a toujours été "la maison du bonheur", toujours pleine de monde, peut-être un peu moins vrai ces dernières années, et je lui redonne cette chaleur, je suis une bonne petite femme tapette au foyer, sauf que je n'ai aucune intention d'y recevoir qui que ce soit.

4 commentaires:

Matoo a dit…

Tu sais je viens aussi du fin fond du Val d'Oise, je te comprends je crois sur ce coup. :)

NeimaD. a dit…

Ah c'est marrant ça, si ça se trouve on vient du même coin 😉

Azul a dit…

Juste pour comprendre et c'est pas une critique mais tu bosses plus depuis des années et t es rentier grâce à tes parents ?

NeimaD. a dit…

Non, je ne suis pas rentier, je ne touche pas d'argent tout les mois. J'ai des sous de coté de quand j'ai bossé pour TF1, j'étais au RSA, je ne dépensais rien, pas de loyer par exemple, et je loue mon studio pour voyager. Dernièrement j'ai touché de l'argent en vendant un appart que mes parents avaient en viager depuis avant ma naissance, ce qui fait que j'ai plus de sous pour m'amuser un peu, et je ne paye que les charges pour la maison.

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