"La femme appuya sur le ventre du bébé et prit le petit sexe dans ça bouche. Il etait plus fin que les cigarettes américaines mentholées qu'elles fumait d'ordinaire, et avait un goût de poisson cru. Elle leva la tête pour voir si le bébé pleurait et s'aperçut qu'il ne bougeait plus, bras et jambes complètement immobiles. Alors elle enleva le film de plastique qui recouvrait le visage de l'enfant, mit deux serviettes au fond d'une boîte en carton, posa le bébé dedans, entoura le tout de scotch puis de ficelle. Sur le dessus et les côtés du carton, elle traça en gros caractères un nom et un adresse purement imaginaires. Elle posa la dernière touche à son maquillage, passa une robe à poid, puis, toujours debout, se mit à masser de la main ses seins encore gonflés de lait pour soulager la douleur. Sans même essuyer le liquide blanc qui avait goutté sur le tapis, elle enfila ses sandales et sortit, serrant dans ses bras la boîte en carton contenant le bébé. Au moment où elle arrêtait un taxi, elle repensa au naperon au crochet qu'elle avait presque terminé, et décida qu'elle s'en servirait pour poser un pot de géranium dessus. (...)"
Murakami Ryu - "Les bébés de la consigne automatique"
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