Somethinggreater.

  Ma procrastination de voyage me rattrape, mais le monde avançait dans la bonne direction jusqu'il y a encore peu, attendre pour visiter un pays pouvait vouloir dire moins d'authenticité mais aussi un plus grand développement des infrastructures sur place (hôtels, routes, transports, restaurants), plus de sécurité, d'ouverture, on a même cru de démocratie (je me souviendrais toujours des gens au Cachemire indien/ Ladakh qui m'expliquaient que plus de touristes voulait dire moins d’agressivité policière et plus de liberté pour eux), qu'avec le développement économique global les sociétés allaient devenir comme ici, libres et globalement apaisées. Et tout ça a changé, le monde semble avoir choisi le chaos, avec la Syrie, le Mali, le Venezuela, le Yemen, le Myanmar, l'Afghanistan, l'Éthiopie, etc, maintenant l'Ukraine et la Russie, la Chine et ses attaques contre la démocratie à Hong-Kong, son génocide de ouïgours, ses menaces contre Taiwan, d'autres sont devenus plus réactionnaires et plus dangereux qu'avant (Inde, Brésil, Philippines, Pologne/Hongrie), la planète s'est refermée, partout de nouveaux obstacles administratifs (visa, assurance) dû à la pandémie ajoute à ce sentiment de crispation généralisée, à l’opposée de cette mondialisation heureuse que l'avenir semblait nous promettre.

On peut débattre et condamner moralement le néo-colonialisme occidental, à raison, mais il saupoudrait sur les accords de développement et d’accès aux richesses mondiales un peu de Droits de l'Homme, ce qui donnait une certaine stabilité, loin d'être idéale, mais moins pire ? On l'a vu avec les Printemps Arabes, où finalement la situation semble avoir globalement empiré après le renversement des autocrates sponsorisés par l'Occident. Il faut accepter que les Etats ne sont pas des bons samaritains, mais un ensemble d'interêts géo-stratégiques et financiers, qui quand ils s'accordent arrivent à créer une paix et prospérité vaguement distribuée. L'ascension de la dictature Chinoise (permise aussi par le replis du sherif américain et la passivité intéressée d'une bonne partie de l'Europe - coucou Merkel), qui promeut son modèle de société sous contrôle mais prospère, et ne demande aucune contrepartie "morale" à son financement, a boulversé le jeu. La Chine qui converge avec la Russie dans sa vengeance des "humiliations" infligées par l'Occident, qu'ils essaient clairement de déstabiliser/ affaiblir en prenant le pouvoir dans ses institutions, mais aussi par une guerre de désinformation et de relativisation de la réalité. J'ai l'impression que le basculement des forces s'est vu quand les dirigeants occidentaux ont demandé (du bout des lèvres) le respect des Droits de l'Homme au Tibet avant les JO de 2008 et que les autorités chinoises les ont littéralement envoyé chier, et ça c'est clairement accentuée depuis la prise de pouvoir de xi, qui n'essaie même plus de faire semblant d'être autre chose qu'un autocrate pourvoyeur des libertés civiles. L'équilibre est rompu, et permet l'arrivée ou le maintient au pouvoir de populistes néo-fascistes un peu partout, qui sans l'argent/ manipulations des chinois/russes ne seraient plus, jusqu'à chez nous en Occident.

On s'est clairement fait duper, il faut maintenant ouvrir les yeux et corriger notre dépendance aux énergies fossiles d'un coté, mais vis à vis de la Chine aussi, peut-être en trouvant une prospérité différente que d'être inondé de produits bas de gamme, pas chère grace à l'exploitation des plus faibles, et qui finissent en montagne de déchets en Afrique/ Asie du Sud-Est, et en particules fines dans l'air/l'océan. Tout n'est pas manichéen, noir ou blanc, mais il y a un monde "libre" démocratique face à une alliance de dictatures plus ou moins liberticides et tyranniques, où la presse et les gens ne sont pas libres de dire ce qu'ils pensent sous peine d'être enfermés ou de simplement disparaitres, j'ai l'impression que ce n'est plus le moment de philosopher au vent et qu'il y a un choix à faire, sinon on sera écrasé sous les bottes du retour de l'Histoire.

On vit une époque terrifiante, écrit-il sur son Mac Made in China, bien au chaud dans son appartement du 3ème arrondissement de Paris, en attendant une livraison Amazon de trucs produits en Chine aussi, et pour qui la plus grosse contrainte actuelle (concrète, non-psychologique) est 2-3 étapes administratives supplémentaires pour s'enfuir sur une île lointaine.