"La plupart des hommes agissent, vivent et se comportent ainsi jour après jour, heure après heure, par nécessité, sans rien désirer vraiment. Ils font des visites, s'entretiennent de choses et d'autres, s'acquittent de leurs heures de service dans les bureaux par obligation, machinalement, sans le vouloir. Cela pourrait aussi bien être accompli par des machines ou ne pas se passer. C'est précisément cette mécanique ininterrompue qui les empêche de porter, comme moi, un regard critique sur leur existence, de voir et de sentir sa stupidité et sa fadeur, le rictus atroce de son ambiguïté, sa tristesse et sa solitude sans espoir. Oh, néanmoins, ces hommes ont raison, infiniment raison de vivre ainsi. Ils jouent à leurs petits jeux et courent après ce qui leur semble important, au lieu de se défendre contre cette mécanique accablante et de fixer le vide avec désespoir, comme je le fais, moi qui ai quitté le droit chemin."
Je suis une pute habillée de Saint Laurent, blasé de ne rien connaitre, le cul entre deux chaises, mort avant d'avoir vécu, et c'est franchement fatiguant. Un jour quelqu'un m'a dit lui faire penser à Bree Van De Kamp, un des personnage de Desperate Housewives, une maniaque névrosée. Sur le moment, je n'ai pas trop compris pourquoi, en y réfléchissant je me dis que j'essaye toujours de paraître présentable et bien élevé, bien rasé, bien coiffé, je me cache, j'en deviens trop propre, trop lisse, je gomme les aspérités, toujours donner une bonne image, consensuel, comme pour contrebalancer, tendre vers le bourgeois qui m'insupporte, rendre anecdotique mes origines banlieusardes, mon homosexualité, mon statut de perdant, plus blanc que blanc. J'ai l'impression de sonner faux au milieu de l'hypocrisie sociétale, de ne plus en avoir le courage, j'arrive de moins en moins à m'intéresser aux autres, je ne pose plus de questions car les réponses m'indiffèrent, et j'ai de plus en plus de difficultés à le masquer, mes propres banalités m'écœurent autant que celles des autres, alors je fais bonne figure (merci l'alcool) pour voiler mon désintérêt, tout est question d'illusion, je souris mais le jeu des miroirs mondains ne m'amuse plus. Je veux redevenir un robot.
lundi, janvier 16, 2006
Le clochard snob et la princesse roteuse.
Hermann Hesse - Le Loup des steppes (p.118)
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