vendredi, juillet 07, 2006

The pride of a father for his gay son.

 Mercredi matin direction Orly pour récupérer ma mère arrivant de Gwada, je passe la semaine avec elle chez mon père en banlieue, ça fait du bien de se retrouver dans la baraque de mon adolescence, d'avoir de l'espace et un grand jardin, quand je pense que c'est dans le salon de 50 mètres carrés avec baies vitrées donnant sur le jardin sans vis-à-vis que j'ai décidé d'emménager dans mon placard parisien, ça fait mal au cul. Je passe mon temps à bouffer et bouquiner de vieux Fluide Glacial au soleil. En soirée, devant un verre de vin, on se lance mon père et moi dans une de nos grandes conversations sur la politique, le monde, la façon de voir ce monde, la monté prometteuse de la gauche sud américaine, la taxe sur les billets d'avion de Chirac pour aider l'Afrique, la perte de repère sur ce qu'est l'Europe et la vision humaniste que je pouvais en avoir, du "combat" perdu d'avance face à la Chine et du besoin de trouver des solutions alternatives, tout ça pour finir sur les différences gauche-droite et la position de la classe politique sur le mariage et l'adoption homosexuelle.

C'est la première fois que j'en parle avec mon père, de l'homosexualité en général et de la mienne en exemple vécu, il me raconte que le fils d'un ami de la famille lui avait parlé de sensations qui le troublaient, de sensations anales qui lui faisaient se poser des questions. Mon père me parle alors du "choix" de l'homosexualité, il est étonné quand je lui dis être uniquement actif, dans mes fantasmes de petit garçon j'ai toujours eu l'envie d'embrasser mes petits camarades plutôt que les petites filles, dans mes désirs l'homme a remplacé la femme depuis le début, ce n'est pas uniquement physique, je l'ai toujours su, ça n'a jamais été un choix (si on enlève toutes connotations religieuses de bien et de mal). Je prenais notre bonne relation pour du on n'en parle pas donc il n'y a pas de problème, il me dit que ça ne l'a jamais dérangé que je sois pédé, qu'il n'en a jamais rien eu à foutre, il me dit que les non-dit sont aussi importants que les mots pour lui, il me dit même être fier que je sois différent, que je ne colle pas à la norme famille trop tôt-carrière-empreint-pavillon de banlieue, que je remette en question le modèle dominant, qu'il en a toujours été admiratif. Il me raconte que dans certains repas arrosés où l'ambiance devenait beauf et les discours limites il lui est arrivé de dire d'un coup "attention, je ne tolèrerai aucun propos homophobes", sans plus d'explication, entraînant un silence, comme une petite provocation, et estime n'avoir de compte à rendre à personne, que quand ses amis ou collègues lui parlent de leurs enfants, de leurs projets de mariages, de leurs carrières, et finissent impérativement par lui demander alors et ton fils il fait quoi ? il est content de répondre avec un sourire narquois que son fils glande et profite de la vie, que je suis un marginal. On parle de Bowie, de la chanson Walk On The Wild Side de Lou Reed, de la libération sexuelle de Mai 68, du mouvement Queer, des différentes façon de vivre son homosexualité, et je vais me coucher à 3h du mat, un sourire au lèvre, me répétant les propos de mon père, le fait qu'il soit fier que je sois pédé, et je me dis que je suis fier de l'avoir comme père.


{Pour rester dans le thème je pique [10 reasons why gay marriage should be illegal] chez [Coquecigrue*] avec un lien vers la vraie source bien entendu.}

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