samedi, janvier 04, 2020

The Lighthouse.

  J'en ai eu marre des séries télé, du coup, j'ai regardé plein de films récents. J'ai passé mon samedi d'avant nouvel an devant Marriage Story, drame romantique Netflix de Noah Baumbach, avec Scarlett Johansson et Adam Driver, c'est un beau film, très bien écrit, les performances sont superbes, j'ai trouvé que le réalisateur/auteur donnait un peu la part belle à Driver, il lui laisse plus de place pour être triste et touché par ce divorce, alors que Johansson est plus présente avant. D'ailleurs, après son rendez-vous avec son avocate, elle n'est plus qu'extérieur, lointaine, et n'est pratiquement à l'écran que dans ses rencontres avec lui. Il ne prend pas vraiment parti, mais on l'écoute et on la comprend, son besoin d'exister, alors que lui on le ressent, dans cette impression d'injustice devant son monde qui s'écroule, son désir que rien ne change. Il semble subir alors qu'elle provoque ce chaos. Mais c'est un film écrit et réalisé par un homme, ce qui ne doit pas devenir un défaut, c'est un beau film, avec une très belle réalisation et ambiance, une sorte de Woody Allen au temps de MeToo, avec des touches de Damien Chazelle/La La Land, j'ai cru qu'ils allaient se mettent à chanter par moment. J'ai enchainé avec The Lighthouse de Robert Eggers, avec Robert Pattinson et Willem Dafoe, qui y sont absolument formidables, le film est assez dément, une descente dans la folie hallucinatoire teintée de domination homo-érotique, sublimement filmé en noir et blanc, entre Bergman et l'épisode 8 de Twin Peaks: The Return par Lynch, ça m'a fait un peu penser au photographe japonais Araki Nobuyoshi (le coté poisson), et plus généralement à l'art érotique japonais de sexe avec des créatures marines, c'est une expérience qui colle à la rétine, je n'arrête pas d'y penser depuis, comme si j'avais regardé le film maudit de The Ring, ça c'est du cinéma. Et en soirée, Knives Out de Rian Johnson, avec Daniel Craig et son accent étrange, Chris Evans et son pull troué, et plein de stars, c'était pas mal, mais j'ai deviné le tour de passe-passe dès le début, pas tout bien sûr, mais suffisamment pour ne pas être vraiment surpris à la fin, c'est ça de faire une comédie "Cluedo" (sans réelle enquête) en 2019, surtout avec des "indices" aussi gros, et une histoire tirée par les cheveux. Ça ressemble plus à un paquet de célébrités qui se font plaisir avec des personnages loufoques, dans un joli décors, avec quelques critiques de la société américaine actuelle un peu maladroites, qu'à un film construit intelligemment.

Dans les jours suivants, je me suis fait: The Farewell, film américano-chinois avec Awkwafina, qui y est très bien, c'est une jolie comédie dramatique, qui parle de famille et de tradition, de différences culturelles, et de l'identité chinoise, qui vaut le coup qu'on y jette un oeil. Once Upon a Time in Hollywood de Tarantino, n'est pas mon Tarantino préféré, il y a pas mal de longueurs, mais il est très chouette. DiCaprio et Pitt y sont grandioses, Margaret Qualley et Margot Robbie impeccables, Lena Dunham beaucoup moins, la première partie est fun, un peu longue mais avec des morceaux d'Hollywood assez excellents, il y a un ventre mou au milieu, puis une fin à la Tarantino complètement jouissive, qui m'a aussi mis la larme à l'oeil. Dans l'ensemble un très bon film, et Brad Pitt, qui a eu une période "entre deux âges" pas super physiquement, où il était trop vieux pour faire jeune premier mais trop jeune pour le mec mature viril, est parfaitement à point dans ce rôle. Joker de Todd Phillips, est un super film, Joaquin Phoenix y est absolument fantastique, la réalisation est superbe, et j'ai enfin compris pourquoi, de part le monde, des manifestants se sont mis à arborer le maquillage du personnage, que se passe-t-il quand les laissés pour compte se rebellent ? Sans doute le film qui capte le mieux l'air du temps (alors qu'il se déroule dans le passé), quand on préfère regarder la violence/destruction de la foule en colère, plutôt que les circonstances systémiques qui les ont engendré. Il change aussi la perspective de l'univers "Batman/DC", comme Maleficent l'avait fait avec les contes Disney. Jojo Rabbit de Taika Waititi, une sorte de Moonrise Kingdom (Wes Anderson) version Nazi, Waititi est très drôle en "Hitler", Scarlett Johansson est géniale, et les gamins sont bien, c'est juste toujours surprenant la liberté et légèreté que les anglo-saxons arrivent à avoir avec une histoire qu'ils ont vécu de loin, globalement, en tous les cas ces réalisateurs, une période sombre qui a peut-être marqué leur famille, mais ils ont grandi géographiquement loin du nuage noir que ça a laissé sur l'Europe (Waititi est NéoZélandais), comme Tarantino avec Inglourious Basterds. Ça ne capte pas l'intensité émotionnelle d'un La Vie Est Belle, mais il y a de très beaux moments, notamment la fin, un film à voir. Et Portrait de la Jeune Fille en Feu de Céline Sciamma, qui est un joli film de femmes, il reprend des imageries du film Le Piano (sans égaler le brio de Jane Campion), certains passages m'ont sorti de l'illusion aussi, par leur gratuité et manque de continuité (il n'y a pas de vague mais la caisse tombe à l'eau ; on trouve l'excuse du vent pour cacher le visage de l'héroïne mais il n'y a pas de vent ; pour le besoin d'une scène où elle découvre sa poitrine pendant qu'elle pose on lui met un tissu gris autour du coup, alors qu'elle n'a jamais rien porté avant), et je n'ai pas vraiment ressentit leur amour naissant. Après les actrices sont bien, certaines scènes ressemblent à des tableaux de Vermeer, c'est joliment filmé, c'est intime, un joli film globalement, je ne suis juste pas sûr de m'en souvenir longtemps.

Des fois j'oublie à quel point le cinéma peut avoir un impact fort en aussi "peu" de temps (j'ai quand même trouvé la majorité de ces films trop long), je suis tellement plus habitué au format long terme des séries. J'ai l'impression que j'ai une phase "films" comme ça chaque année, il me reste les 3h30 de The Irishman à affronter, mais en ajoutant US, Parasite, et Midsommar, (j'y inclurait aussi les séries Too Old To Die Young de Nicolas Winding Refn, la saison 4 de Mr Robot de Sam Esmail, Mindhunter S02 de David Fincher, Chernobyl de Craig Mazin, et même Euphoria de Sam Levinson) 2019 est vraiment un grand cru cinéma.

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