jeudi, octobre 20, 2005

Blow me !

 Je marche dans les rues numérotées, alignées qui se coupent à angle droit, tout est trop bien organisé, les gens font des va-et-vient, mécaniquement, comme décharnés, la folie n'est plus là, sur les réverbères des quartiers immortalisés par le 7ème art et 20 ans de domination artistique des fanions nous indiquent que cette ville est la capitale du monde de la mode, de la vie nocturne, des affaires, comme un pense-bête, une sorte d'auto-persuasion, de rengaine qu'on lit machinalement en levant la tête, en attendant le bus, ou simplement en admirant le passé glorieux architectural ; un taxi jaune s'arrête devant moi, une femme plutôt jeune mais les traits tirés en sort, elle n'est pas vraiment belle et sa tenue de business woman sûrement acheté chez Banana Republic a l'air dépassée, elle semble avoir été sophistiquée il y a un temps, mais la lumière n'est plus là pour la faire briller, les individus ont l'air d'avoir abandonné cette idée, l'idée d'aller au bout de soi, l'idée que si tu peux réussir ici tu le peux n'importe où, parce que hey c'est la grosse pomme, mais les vers ont bouffé les pépins ; il y a dix ans de cela cette ville m'avait époustouflé, je ne sais si c'est ma vision seule qui change ce qui m'entoure, il manque quelque chose, le sexe et l'arrogance ont changé d'adresse, chassés par un maire trop propre pour faire du bien, l'extravagance et l'insouciance ont peut-être été ensevelies sous les gravats du retour de l'Histoire, avec l'illusion d'être les meilleurs en chantant devant une bannière sans couleurs, certains y croient encore et le disent avec morgue, mais leurs arguments comme leurs regards s'affadissent avec mélancolie quand tu le leur fais remarquer. Le je ne sais quoi comme dirait un français dans un film hollywoodien a disparu, ce n'est plus qu'une ville qui pèse sous le poids de son récent passé trépidant, sous ses idoles viellies ou enterrées, sous ses clichés trop banalisés, comme une vieille pute envoyée en désintox à la clinique Betty Ford et revenue sans son âme de gagneuse, la ville qui ne dort jamais s'est assoupie, New-York n'est plus l'apogée de la civilisation humaine.

Comme Paris elle brillera toujours et je l'aime comme un jouet cassé, comme une expression que l'on n'utilise plus, comme un très bon film trop conseillé, comme une histoire d'amour mal terminée, avec l'envie d'y croire encore, mais quelque chose est mort ici ; chaque époque a sa capitale, les années 80 et les early 90's avaient New-York, reste à trouver quelle est celle d'aujourd'hui.



*Edit du 01.11/Réponse aux commentaires : Berlin a eu son heure fin 80's autour de la chute du mur ; je trouve Londres so 95-TripHop-Dance-Alexander McQueen mais totally over ; après il y a eu Tokyo avec la mode Nipponne Yamamoto/Miyake/Hello Kitty/Sushi, ça a duré une ou deux saisons ; pour ceux qui ont dit Bruxelles j'ai beaucoup ri, merci, c'est très sympa mais déjà pour la capitale de l'Europe il manque ... je sais pas des distributeurs/restos/bars qui prennent la carte visa internationale, des trucs du genre, c'est un peu une ville de province (no offense), malgré la vague de créateurs/musiciens Belges Dries Van Noten/Hoover elle n'a tenu que 6 mois en haut de l'affiche mondiale ; pour Paris la French-Touch de fin des 90's et début 2000 est vraiment terminée ; Barcelone a été capitale estivale mais comme la chanson de l'été on en change tous les ans (Tel Aviv, Ibiza, Prague, Zagreb, Rio, ...) ; l'amérique du sud peut-être un jour mais je verrais plutôt Caracas que Buenos Aires (merci Chavez) ; Reykjavik qui a été un peu capitale underground pendant quelques temps milieu 90's période Björk/Gus-Gus/Sigur Ros pendant le règne de Londres, me semble promise à rester underground ; sinon Shangai me parait être l'endroit où il se passe vaguement quelque chose mais pas assez fortement pour influer sur l'inconscient collectif mondial ; je crois juste que la mondialisation a poussé les capitales mondiales à se spécialiser, il y a plein de petits pôles d'attraction et non plus un seul lieu où tout se passe ... et finalement il ne se passe pas grand chose.


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