mardi, avril 16, 2019

Notre-Dame de Paris.


  J'étais entrain de réfléchir à ce que j'allais manger hier soir, en prévoyant de regarder le premier épisode de Game of Thrones saison 8, quand je me suis demandé ce que faisaient ces hélicoptères à tourner au dessus de chez moi, j'ai allumé la télé et vu la nouvelle. Il était un peu plus de 19h40 je crois, je n'ai pas réfléchi, j'ai pris mon manteau et j'ai marché en direction de l'Hôtel de Ville, ça m'a semblé impossible de ne pas y aller, de rester devant mon écran. Les rues étaient pleines de gens hagards, le visage tourné vers le ciel, sortant mécaniquement leur portable pour prendre une photo ou filmer, sans vraiment savoir pourquoi, comme si ce n'était pas réel et qu'il fallait une preuve, sans savoir quoi faire d'autre. J'ai eu ce besoin d'être là, pour être témoin de l'Histoire, pour être solidaire, même si impuissant. J'ai espéré, que les pompiers viendraient à bout de ce feu rapidement, en sachant que le combat était déjà perdu, en voyant le toit s'effondrer aussi rapidement, et l'impossibilité d'atteindre une telle hauteur. J'ai repensé à ce reportage que j'avais vu sur la charpente, la forêt, qui était composé de 1300 chênes centenaires, dont certains étaient là depuis 800 ans, et avaient résisté à l'histoire tumultueuse de Paris, j'ai pensé aux images des incendies du Musée National de Rio et du château de Windsor, au Pavillon d'Or de Mishima, Quasimodo et Esmeralda. Je suis resté figé, avec des milliers de parisiens, sonnés, je suis resté tard, assis sur les quais bas Rive Gauche, pendant des heures, sans pouvoir lâcher les flammes des yeux, être là avec les combattants du feu, en espérant toujours que ce ne soit qu'un mauvais rêve.

En rentrant, j'ai écouté les prières chantées, sur les ponds et au coin des rues, je n'ai pas pleuré, j'ai des fois l'impression de ne plus avoir de larme pour le réel, après Charlie, après le Bataclan et les rues du 11ème, après tout le reste. J'avais prévu de regarder Winterfell bruler, et au lieu de ça j'ai vu presque mille ans d'histoire partir en fumée, en volutes jaunes et denses, dans le ciel de Paris, dans le vrai monde, j'ai le coeur lourd cette nuit.

Dons: fondation-patrimoine.org

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