Paris 2024

  Franchement, en tant que pédé parisien j'ai adoré cette cérémonie d'ouverture des JO, j'avais un peu peur d'un truc kitch vielle-France saucisson comme l'horrible cérémonie d'ouverture de la coupe du monde de rugby l'an dernier, mais je suis resté bouche bée de bout en bout, c'était jouissif de voir une représentation de la Cène du banquet d'Astérix du Festin des Dieux (1635) version queer avec pleins de Drag Queens (bravo Nicky Doll, Paloma, et Piche) et le génial Philippe Katerine tout nu et bleu en Dionysos ; un (presque) baiser gay entre 2 danseurs entourés des couleurs arc en ciel ; chant révolutionnaire d'une Marie-Antoinette décapitée, les métaleux de Gojira accrochés à la façade de la Conciergerie, du chant lyrique avec la cantatrice Marina Viotti sur un bateau d'opéra, du feu, du "sang", dans un tableau rendant hommage à la Révolution, en présence de plusieurs représentants de familles royales européennes, qui transitione vers Carmen de Bizet, sans doute mon passage préféré ; Aya Nakamura avec la Garde Républicaine sur le pont des Arts qui chante les paroles d'Aznavour: "Je ferais mieux d'aller choisir mon vocabulaire. Chérie, pour te plaire. Dans la langue de Molière" en regardant droit la caméra était un beau pied de nez ; du Ravel au piano par Alexandre Kantorow sous la pluie battante ; cette Marseillaise magistrale d'Axelle Saint-Cirel, Marianne noire drapée de notre étendard, perchée sur le toit du Grand Palais ; l'hommage aux Grandes Femmes de l'Histoire de France statufiées devant l'Assemblée Nationale ; clin d'oeil au cinéma, à la peinture, et à la littérature ; Juliette Armanet sur un Imagine dépouillé avec ce piano en feu sur une mini barge ; des jeunes de toutes origines dansant sur toutes sortes de musiques, du voguing au classique, pour finir en explosion clubbing, jusqu’à s’écrouler au sol (perso j’y ai vu un homage aux victimes du Bataclan) ; même sans être fan de Gaga et Céline Dion j'ai trouvé leurs performances parfaites, cet Hymne à l'Amour final était bouleversant ; ce cheval mécanique hypnotisant galopant au fil de l'eau ; ce show électro incroyable avec lasers sur la Tour Eiffel (dommage que les Daft Punk n'aient pas mixé ce passage, ou même un Woodkid) ; le chaudron allumé par Marie-José Pérec et Teddy Riner qui s'envole au dessus des Tuileries ; le défilé des athlètes était moins chiant que d'habitude aussi, pour eux surement comme pour nous, hors d'un stade anonyme, ce défilé de bateaux était une idée géniale, le spectacle de la ville était pour eux ; j'ai eu mal au coeur pour eux qu'il pleuvent autant par contre. Une vraie réussite, pleine de références et d'autodérision, extrêmement français et mémorable, gay, féministe, et inclusif sans s'excuser, la France de 2024, ils ont dead ça. J'ai moins aimé les seaux de merde réac dés le lendemain, mais visiblement ça a largement plu, et c'est vraiment marrant que ces bigots, des islamistes aux cathos intégristes étrangers, qui disent ne jamais vouloir venir en France à cause de ça, puissent penser qu'on veut les voir ici, bon débarras, et pour ceux d'ici, ils n'aiment juste pas la France telle qu'elle est, allez habiter en Russie bande de seumards.

Je passe mes journées devant, et sans être chauvin ce sont les plus beaux JO que j'ai pu suivre, le fait que les épreuves se déroulent dans la ville, et pas dans une zone de banlieue sans âme interchangeable comme les autres change tout quand même, ce stade de beach volley au pied de la Tour Eiffel ou l'escrime au Grand Palais sont particulièrement superbes, mais l'équitation à Versailles, le Triathlon autour du Pont Alexandre III, le BMX freestyle à la Concorde, ou le surf à Tahiti sont incroyables aussi. Etrangement je n'ai pas vraiment de regret de ne pas y aller en personne, ça aurait été marrant pour prendre des photos, mais tout ce monde, rester des heures en plein cagnard/ brouhaha, pour regarder un sport unique au loin, j'en aurai eu marre après 20 minutes, très peu pour moi, c'est très bien en surdose de toutes les disciplines, en zappant sur France 2-3-5, au frais dans mon salon. Je ne sais juste pas pourquoi je stresse autant pour les athlètes, j'ai du mal devant le judo ou l'escrime, ces sports hyper tendus, où tout peut changer en quelques secondes, mon coeur s’emballe à la moindre possibilité de défaite d'un français, alors que dans l'absolu je m'en tape, je pense que ce sont les commentaires et hurlement du publique qui accentuent mon angoisse, mais aussi l’excitation pour le moment qu'ils vivent, qu’ils arrivent bien à nous faire partager. J'irai surement faire un tour en ville à un moment, j'aimerai bien voir ce chaudron au Jardin des Tuileries, même de loin, un soir, peut-être.